Mustapha Ramid est probablement le plus en vue des ministres du parti islamiste PJD, depuis qu’il a été nommé à la tête d’un des ministères clés du gouvernement marocain, celui de la Justice (et des libertés publiques, faut-il le préciser ?). Il s’est distingué dans le passé par son franc parler et ses positions clairement opposées aux pratiques du Makhzen, le pouvoir marocain. Dans une interview qu’il a accordée mardi à Reuters, le nouveau ministre déclare vouloir mettre fin aux pratiques du passé, notamment en ce qui concerne le code de la presse et le cas des nombreux prisonniers d’opinion, pour lesquels il laisse entendre qu’il demandera la grâce royale :
“Nous avons notre vision des choses mais nous avons également des contraintes institutionnelles. Le gouvernement ne peut pas intervenir dans la justice. C’est une institution indépendante.
“Il y a cependant une voie unique, qui est celle du pardon royal. Nous y travaillerons donc et nous déploierons nos efforts pour essayer de régler ce problème. En fin de compte, ce n’est pas à nous de décider mais c’est au roi de prendre la décision. Nous essaierons de faire en sorte que cette décision soit basée sur des informations et des propositions que nous présenterons (au roi).”
Et Ramid de poursuivre en appelant à une large reforme de la justice qu’il promet de conduire à travers un débat national :
“Ce qu’il faut aujourd’hui c’est de compléter de la meilleur façon possible, durant les cinq années a venir, le travail initié par nos prédécesseurs. Pour ce faire nous allons organiser un débat national. C’est notre proposition.”
C’est suffisamment unique pour être souligné : un ministre partisan qui prend l’initiative d’une reforme de cette ampleur dans un chantier considère juste que là comme un pré carré du palais, dans ce qu’il était, est convenu d’appeler les “ministères de souveraineté.”
Ramid a cependant refusé de répondre directement à une question concernant le rappeur et activiste Mouad Haked, détenus depuis septembre dernier pour, ce que beaucoup considèrent, un procès politique. Le ministre conclura en promettant de reformer le code de la presse de telle sorte à ce que les journalistes ne soient plus emprisonnés pour leurs écrits ou leurs opinions :
“Le problème doit être adressé à la racine, à savoir le code de la presse. Nous travaillerons avec notre collègue le ministre de la communication (Mustapha Khelfi – PJD) pour écrire un nouveau code qui mettra fin aux emprisonnements. J’espère que nous y arriverons.”
Bon courage.